Prenez la « communication politique » dans le sens sur lequel nous nous sommes accordés dans le précédent post : techniques non coercitives utilisées par la politique dans ses objectifs de conquête ou d’exercice du pouvoir ; faites l’historique de tous ses excès, ses errements, des conséquences tragiques ou absurdes, des usages imbéciles ou méchants : vous obtenez le sens négatif de votre sujet mais pas sa définition.
Oui : la communication politique a été utilisée par des tyrans, des dictateurs et régimes totalitaires.
Oui : elle est théorisée comme un art de la manipulation et de la désinformation.
Mais :
Non, elle ne se réduit pas à ces dérives. En fait pour parler de cette face sombre de la communication politique, le plus juste est d’utiliser le terme « propagande ». Il renvoie à une époque où le terme communication n’était pas encore en usage et évoque instantanément des chemises brunes et des défilés militaires, des périodes révolues ou des pays lointains. Après la rhétorique et avant la communication politique, la propagande a été théorisée, conceptualisée. Elle a ensuite pris un « coup de vieux », plus personne ne s’en réclame sur sa carte de visite, aucun ministère ne l’a en charge, aucune formation ne prétend l’enseigner.
Pour autant, la propagande est-elle un phénomène purement historique qui ne correspond à aucune actualité dans nos démocraties policées ? Sans doute pas.
Il me semble que l’on peut se mettre d’accord sur la distinction suivante : la propagande est bien une forme de la communication politique, trouvant son inspiration dans des régimes autoritaires mais qui n’est pas conforme à l’esprit du jeu démocratique. C’est-à-dire que la propagande ne se préoccupe pas d’éthique ni de déontologie de l’information ni de respect de l’adversaire, ni de valorisation du dialogue, de la transparence, ne s’adresse ni à l’esprit critique ni à l’intelligence mais joue plutôt avec les affects : peurs, colères, ressentiments… la liste n’est pas close.
Toutes ces caractéristiques de la propagande peuvent se retrouver dans n’importe quel dispositif de communication à des doses variées mais il est néanmoins recommandé d’user de ce qualificatif de façon modérée.
Ou formulé autrement : essayons de ne pas faire de propagande, essayons de ne pas accuser les autres d’en faire.
Pour une approche plus savante de la distinction entre propagande et communication, voir l’article de Stéphane Olivesi, « De la propagande à la communication : éléments pour une généalogie », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 86 | 2002, mis en ligne le 15 septembre 2009
[…] Prenez la « communication politique » dans le sens sur lequel nous nous sommes accordés dans le précédent post : techniques non coercitives utilisées par la politique dans ses objectifs de conquête… […]